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L’occupation allemande et les chantiers sur la commune de Couville

Texte de Marc JOINEAU

1943, 1944 LES ALLEMANDS à COUVILLE.

            En juin 1943 les Allemands s’intéressent à notre commune, à la gare au plateau situé près de « La lande ». Ils prennent possession de 10 hectares près de ce lieu dit. Une importante main d’œuvre envahi ce secteur.. Ces travailleurs viennent d’Afrique du nord et de toute l’Europe.

           Mais cela ne suffit les maires sont chargés de désigner les hommes qui devront travailler sur le chantier de Couville ou sur l’un des nombreux autres du nord Cotentin. Ainsi le 20 décembre 1943 le maire de Couville reçoit le télégramme suivant :

« Conformément ordres Feldkommandantur vous informe Vermacht a besoin secteur Valognes 150 ouvriers à prendre dans communes suivantes : Acqueville……puis 17 communes citées dont Couville en conséquence établir liste hommes 18 à 50 ans excepté ceux travaillant services ou chantiers allemands mercredi 22 décembre représentant allemand qui indiquera lieu de travail, durée probable deux mois ouvriers seront emmenés journellement par camion si possible se munir de pioches scies et bêches prière faire nécessaire pour que main d’œuvre demandée soit présentée. »

          Les listes de travailleurs sont établies, la plupart des requis se présentent au départ du camion tout au moins au début car nous trouvons en mairie d’autres listes celles des travailleurs absents au départ du camion. Je pense que les anciens retrouveront avec plaisir les noms de personnes qu’ils ont connues et qui n’ étaient pas pressées de travailler pour « les Boches », c'est aussi un acte de résistance :

 

Dates d’absence:

LEMARECHAL Pierre 26 01 1944

AFCHAIN Marcel1 17 01 1944

AMIOT Albert 31 01 1944

LEMARECHAL Pierre 31 01 1944

JOUIN Désiré 31 01 1944

MAUROUARD Albert 31 01 194

JOUIN Désiré 04 02 1944

MAUROUARD Albert 04 02 1944

BIHEL Pierre

BOURDON François

LE BLED Louis 08 02 1944

MAUROUARD Albert

BIHEL François

LEMENAND Henri 11 02 1944

 

Etc.….. nous sommes en présence d’une liste de 49 noms.

(Monsieur Henri LEMENAND ne se présentera pas au camion le 11 février 1944 .

 

                        D’autres listes figurent dans les archives et le 20 janvier 1944 le Maire de Couville reçoit un rappel à l’ordre de la Kreiskommandantur 583 en allemand avec la traduction au dos :

« Sur ordre de la Feldkommandantur de St Lô, votre commune avait reçu l’ordre avant Noël , l’instruction de mettre à la disposition de la Luftwaffe de la main d’œuvre pour leur chantier. A ce sujet l’architecte Wolf……. me signale , que dans le courant des premiers jours, les hommes se sont présentés régulièrement, mais peu à peu ils venaient plus irrégulièrement et maintenant, ils ne se présentent plus du tout.

Je vous demande pour la dernière fois, de fournir …..  la main d’œuvre demandée pour le mercredi 26 janvier 1944 à 8h 15……….. En cas d’absence, l’ouvrier sera puni d’après l’article 21 du décret pour la protection des troupes d’occupation du 18.12 .42 etc. ……. »

                 Ces menaces ne semblent pas avoir été efficaces puisque les listes d’absents s’allongent.

Sur la liste des requis pour le 12 février AMIOT Louis, LEMENAND Louis, YVETOT Louis, ANDRE Jean sont absents.

Certains fournissent des certificats médicaux d’autres des attestations de leur entreprise reconnue indispensable par les allemands comme les laiteries , l’arsenal, l’Union Commerciale Cherbourgeoise qui traite toute sorte de matériaux (M MORIN Auguste qui travaille dans cette entreprise est exempté).

 

               Les couvillais sont requis également pour la surveillance des voies ferrées régulièrement sabotées :

« ORDRE DE REQUISITION INDIVIDUELLE

En exécution des prescriptions de l’article 14 de la loi du 11 juillet 1938 sur l’organisation générale de la Nation en temps de guerre

M.LEDANOIS Marin

Demeurant à Couville assurera en qualité de requis : dans la nuit du 27 au 28 mai 1944jusqu’à nouvelle ordre la garde des voies ferrées ; signature du Maire.

Vu la nuit du 27 au 28 mai 1944 Le chef de poste N°19. »

 

               Les allemands demandent au maire de désigner des hommes pour accompagner les trains en les mettant sur les locomotives afin d’éviter les attaques de la résistance et peut être de l’aviation alliée. Albert AMIOT alors membre du Conseil Municipal nous racontait que devant participer à la désignation de tels « otages » s’était vu dans l’obligation de se mettre en tête de liste.

 

                 Les agriculteurs couvillais ne voient certainement pas d’un bon œil l’occupation d’une partie de leurs terres pas les installations militaires dans les secteurs du Pont aux Etiennes , de la Lande, de Saint Luc. Les travaux et la militarisation d’une partie de la commune les gêne dans leur travaux !

 

                On relève dans l’avis de la KREISKOMMANDANTUR du 12/01/1944 des remarques qui nous montrent que l’occupant avait quelques ennuis avec les agriculteurs de la région :

« Il a été constaté qu’à de nombreux endroits l’état des installations faites par la troupe avait été modifié sans autorisation . ….. Des réseaux de barbelé s sont coupés pour permettre le passage des bêtes, des haies arasées ont été refaites………

……………. La remise en état des installations endommagées doit avoir lieu avant le 26 janvier 1944.. Tous les propriétaires ou locataires qui n’exécuteront pas cet ordre seront considérés comme responsables d’actes de sabotage. »

 

               Les allemands sont présents dans le bourg et dans les alentours immédiats, ils élèvent des porcs et ont creusé un abri souterrain près du presbytère. Des géorgiens occupent l’école de filles. Pour celui qui sait observer de nombreuses traces de cette occupations subsistent..

Marc Joineau

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Témoignage de H.C.  recueilli par Eric Guillemeau

En 1944 sur la commune Breuville, je ne me souviens pas du mois, un bombardier américain est venu bombarder le Chantier à Couville et la base de V1 toujours à Couville. Il a été abattu par les canons de flack allemande qui était située sur la commune de Breuville, au lieu-dit le Manoir. Avant de tomber, il a lâché des parachutes et des bombes, il est parti en vrille, le pilote a essayé de redresser l’avion, pour finir par s’écraser à 1 km de chez mes parents à la ferme Le Buisson de Breuville où se trouvait une famille nombreuse.

Il était tôt le matin, la table du petit déjeuner était dressée. Quand l’avion s’est écrasé, toute notre maison s’est mise à trembler, l’horloge a sonné et à cause de notre plancher en bois, la table était recouverte de poussière.

Mes parents m’ont toujours dit que c’est le pilote qui nous a sauvé la vie en redressant l’avion, sinon l’avion aurait fini sa course folle dans notre maison.

Les bombes sont tombées sans exploser dans la cour d’une maison voisine de la famille Bonnissent. Une bombe est tombée sur l’église dans la toiture, puis sur le côté de la toiture et pour finir au sol.

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Reste de la bombe au pied de l'église

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Bombe à l'église de Breuville.jpg
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