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L'affaire de la malle sanglante

                       Mai 1896. On découvre à la gare de Couville une malle contenant le cadavre d'un jeune homme. Il s'agit d'un nommé Delahaeff assassiné par un couple qui voulait lui dérober...sa collection de timbres!

           Le 22 mai 1896, les agents des chemins de fer de Couville sont intrigués par l'odeur qui émane d'une malle, laissée à la consigne de la gare par un couple qui se rendait à Cherbourg. En l'ouvrant, les agents découvrent le cadavre en décomposition d'un jeune homme, Émile-Julien Delahaeff, 23 ans, fils d'un briquetier parisien.

          Quand un couple vient récupérer la malle, il est arrêté et reconnaît le crime lors de l'interrogatoire mené par Armand-Constant Cochefert, chef de la sûreté à la préfecture de police de Paris .

          Ce fait divers fait alors la une des journaux nationaux et étrangers sous le titre du  « crime de Couville » ou de « la malle sanglante ».   L'affaire fait écho à une autre appelée "La malle sanglante de Millery" ou encore "Affaire Gouffé" survenue en 1889 près de Lyon dont les protagonistes étaient également un couple d'escrocs. La victime était un huissier de justice nommé Toussaint-Augustin Gouffé dont les restes avaient été découverts dans une malle.

          Joseph Aubert, originaire du Médoc, vit de petits commerces et de fraudes, avec Marguerite Dubois,25 ans, fille de salle rencontrée à Lesparre (Gironde). Montés à Paris en 1885, ils changent trente-huit fois d'adresse pour échapper aux conséquences judiciaires des larcins d'Aubert.

"Le crime de Couville"

Gravure d'Henri Meyer  parue dans "Le Petit Journal. supplément du dimanche"  le 7 juin 1896

Source :https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k716177p/f8.item#

Les deux protagonistes

Gravure parue   le 7 juin 1896 dans "Le petit parisien"

          Aubert, sous le faux nom de Gaston Darnis, contacte Delahaeff pour lui racheter un album payé la veille deux mille francs. Après plusieurs jours de négociations, il invite le collectionneur dans son appartement de l'avenue de Versailles, où il le tue, le 14 mai, d'un coup de marteau-hachette sur la tête pour s'emparer de la collection

          Le lendemain, le père du jeune collectionneur alerte la Sûreté de la disparition de son fils.

          Aubert enferme le corps dans une malle, achetée après le meurtre au Bazar de l'Hôtel de Ville. « Il fit aussi emplette de sciure pour étancher le sang ; il tamponna avec un bouchon l'anus de sa victime pour éviter des évacuations fâcheuses, et, ces précautions prises, il réussit à mener à bien sa sinistre besogne. » .

         Durant trois jours, Aubert et Dubois déposent la malle dans les consignes de plusieurs gares parisiennes, puis prennent un billet pour Cherbourg dans l'idée de jeter le corps à la mer. Entre-temps, Aubert vend une partie de la collection de timbres, en tire six cents francs, et offre là-dessus à Marguerite Dubois une alliance et un bracelet .

         Ils mettent la malle en consigne à Couville, pour éviter son ouverture lors du passage de l'octroi à Cherbourg, puis gagnent le port normand et longent la côte en s'enquérant de la profondeur de l'eau afin de trouver le lieu propice à la disparition du corps .

          Le procès s'ouvre à la Cour d'assises de la Seine le 26 octobre 1896, sous la présidence de M. Poupardin. Le brouhaha est tel que le président menace d'évacuer la salle si le silence absolu ne règne pas.La défense est assurée par Me Henri Robert. La partie civile est défendue par Me Léonce Chaver-Brière de Sal, sénateur de Corrèze. Aubert est agité, réclamant à plusieurs reprises de la morphine .

        Le 29 octobre 1896, Aubert est condamné aux travaux forcés à perpétuité, échappant à la mort à cause des doutes sur sa santé. Dubois, convaincue de recel sans avoir directement participé au crime, écope de trois ans de prison.

"L'assassin Aubert et Marguerite Dubois"

Gravure d'Henri Meyer  parue dans "Le Petit Journal". supplément du dimanche"  le 8 novembre 1896

Source :https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7161994/f8.item

          Le fait divers fit même l'objet d'une chanson écrite par un certain Baret en 1896.

          En effet, dans la deuxième moitié du 19ème siècle,  apparaissent les complaintes criminelles,  chansons populaires qui narrent le fait divers à la fois au travers des paroles de la chanson et de l’image.

 

          Aux couplets 9 et 10 est fait référence à l'affaire Gouffé. 

Chanson "La malle sanglante" sur le crime de Couville

Extrait de  "Chansons sur des assassinats "

Bibliothèque Nationale de France" 

Cote :GR FOL WZ 90

Image provenant du site "Crimino Corpus"

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