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Février 1852 : une découverte majeure

Février 1852. Louis Fleury, cultivateur couvillais, travaille à la confection d’un fossé dans une parcelle nommée le champ           « Houguet ».   A moins d’un mètre de profondeur  il tombe sur un ensemble d’objets en bronze.  Il ne se doute pas qu’il vient de faire une découverte majeure.

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           Ces objets, qu’à l’époque on appelait « coins », étaient au nombre de 280 pour un poids total de 37 kg. Leur longueur variait de 4 à 7 cm pour un diamètre d’environ  2 cm et un poids moyen de 80 g. Selon les témoignages de l’époque quelques-uns gardaient dans leurs anneaux des traces de ligature et deux d'entre eux portaient des fragments de bois.

          Il s’agissait d’un  ensemble de haches à douille dont l’apparition  date de la fin de l’âge du Bronze (800 av-JC) et s’est diffusée largement en Europe au premier âge du Fer (ou période de « Hallstatt » 700-400 av-JC). Parmi les instruments de type armoricain, ces haches se distinguaient par leur petite taille et le fait qu’ils formaient une réplique en modèle réduit des haches de type normal dont ils conservaient les caractéristiques essentielles.

         Ce dépôt et les caractéristiques du matériel découvert donneront naissance à un type particulier de haches de type armoricain, le type dit « Couville » mondialement connu des préhistoriens. N'ayant pas un caractère fonctionnel ces objets auraient fait office de marqueur identitaire de l'Armorique et d'attribut de puissance et de richesse pour leurs propriétaires, en quelque sorte une pré-monnaie. Louis Fleury avait donc mis au jour un trésor vieux de plus de 2500 ans !

Cette lettre, datée du 10 mars 1852, a été adressée par  Pierre Lecordier des Jardins, curé de Couville (de 1824  à 1852), à l'archéologue  érudit Charles de Gerville peu de temps après la découverte du champ Houguet.

Source : Lettres autographes de divers savants, adressées à M. de Gerville, de 1819 à 1850, folio 104 (Bibliothèque Jacques Prévert de Cherbourg  [Ms 252 (C)] )

Merci à Françoise Legouix assistante de conservation - Chargée de collections patrimoniales et du fonds régional. Bibliothèque Jacques Prévert / Cherbourg-en-Cotentin

Entrefilet signalant la découverte de Couville en février 1852

Source : Phare de la Manche : gazette de Cherbourg et du département  du 15 février 1852

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Extrait d'un article sur la découverte de Couville en février 1852

Source : Phare de la Manche : gazette de Cherbourg et du département du  15 août 1852

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         Les zones de concentration des haches à douille du type  Couville montrent qu’elles ont pour probable lieu d’origine le Nord de l’Ille-et-Vilaine ou le Sud de la Manche. Mais comme pour toutes les autres haches à douille de type armoricain  aucun lieu de production n’a été identifié jusqu’alors. Ces haches sont largement dispersées mais de façon disparate à travers les territoires.

         Elles se trouvent distribuées très largement sur le territoire Armoricain. Leur plus grande zone de concentration se situe dans la Manche, avec 49,46% de leur population concentrée là, et plus particulièrement dans le Sud Manche. Elles sont également très nombreuses en Ille-et-Vilaine et bien représentées en Mayenne.

        Étonnamment dans la région normande, malgré leur représentation importante dans la Manche, elles sont très peu dans le Calvados, absentes de l’Orne, peu présentes dans l’Eure et la Seine-Maritime. Les haches à douille de type de Couville ont probablement fait l’objet de transports à longue distance à la fois terrestres et maritimes. Une petite quantité d’entre elles a été retrouvée en 1913 sur les îles Anglo-Normandes sous le nom de « type Jersey ».

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