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Couville aux 17e et 18e siècles

            Spirituellement Couville relevait aux 17e et 18e siècles du diocèse de Coutances , de l'archidiaconé du Cotentin et du doyenné des Pieux. Administrativement elle dépendait du baillage de Valognes, de l'élection de Valognes et du quart-bouillon de Bricquebec.

 

​     Sa population oscillait entre 450 et 500 habitants.

Couville sur la carte de Cassini (1758)

              L'entrée Couville du « Dictionnaire Universel de la France » publié en 1726 donne une première idée sur la paroisse au début du 18e siècle:

« COUVILLE , dans la Normandie , Diocèse de Coutances , Parlement de Rouen , Intendance de Caen , Élection de Valognes , a 410 habitans. Dans ce lieu , le terrain y est très-maigre , y ayant beaucoup de landes. Il y a un Seigneur , & la Cure dépend de S . Sauveur ».

 

           Un mémoire statistique de 1731 apprécie ainsi la paroisse : "Couville, seigneur M. de Saint-Luc de la Houge; 834 acres de terre en labour, plant, landes et brières, le tout fort maigre, et de peu de rapport; peu de prés, et mauvais" . En 1764, un autre dictionnaire évoque également un territoire peu fertile, couvert de landes.

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La société couvillaise

 

L'agriculture

 

          Dans cette paroisse rurale, la profession la plus représentée était celle des « laboureurs », terme qui sera remplacé au 19ème siècle par celui de « cultivateur ». A l'intérieur de ce groupe on pouvait distinguer une hiérarchie : certains étaient « laboureur » et      « sieur » d’un lieu: dans la famille Fleury on était laboureur et « sieur » de Basmarais, des Hayes ou encore de la Beslière.

 

          Ces paysans aisés n’étaient pas nobles mais de rang social plus élevé du fait que non seulement ils possédaient leur outil de labour mais aussi qu'ils étaient propriétaires de leur exploitation. Il y avait également les sieurs de la Vallée, de Basmarest, de Lépine, des Fontaines, de la Rivière. Les « fermiers » étaient des locataires qui versaient un loyer aux propriétaires des bâtiments et/ou terres. En 1789 Couville comprenait 75 propriétaires exploitants et seulement 7 fermiers.

 

          Au bas de l'échelle se situaient les domestiques de ferme et  les journaliers qui œuvraient à la journée ou la saison pour les travaux agricoles.

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L'artisanat

 

          On travaillait bien évidemment la terre mais ont pratiquait aussi l'élevage : moutons, vaches et chevaux. Cela induisait la présence de travailleurs du cuir : deux tanneurs ,Joachim Fleury et Jean Mauger exerçaient leur art dans les années 1750.Entre deux et trois cordonniers  travaillaient dans la paroisse dans la seconde moitié du 18e siècle : Jean Pesnel ,Guillaume Samson et François Pipet.

 

          Les artisans du bois étaient également représentés : un charpentier , Julien Fossé est présent en 1756 ainsi que des menuisiers, Jacques Lecourt en 1756 et Louis Marie dans les années 1780. Dans la décennie 1770 exerçaient en tant que sabotiers François Lebarelier et Pierre Letourneur. Jean Malherbe était quant à lui « ouvrier en sabots ».

 

         Il y avait également des tisserands: Louis Carré, Jean Pesnel et Jean Mauger dans les années 1750 ; Joseph Hermisse et Pierre Léger au cours des années 1780.

 

         D'autres professions sont mentionnées : un cabaretier, Jean Moulin en 1768, un meunier, Jacques Coudrey en 1783 ; des marchands merciers , Charles Castel dans les années 1750 et Nicolas Mouchel au cours des années 1780.

 

          Beaucoup de bourgeois de Cherbourg et d'ailleurs mettaient en nourrice leur bébés dans la paroisse. Jean-Baptiste Duval fils de Laurent Duval, bourgeois de Cherbourg est inhumé dans le cimetière « mort en nourrice chez Jean Mauger en cette paroisse » en 1759  . C'est également le cas en 1774 pour Victor de Cocquerel (8 mois) fils de Nicolas sieur du Saussay ancien procureur du Roi au baillage de Carentan qui avait déjà perdu une fille en nourrice dans cette paroisse en 1771.

 

 

Les religieux

 

         La paroisse de Couville comprenait entre 450 et 500 âmes.

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         A la tête de celle-ci on trouvait le curé ou prêtre qui était présenté par les religieux de Saint-Sauveur le Vicomte. Cette présentation devait avoir lieu dans les 6 mois suite au décès du dernier titulaire. L'interim était assuré par un prêtre desservant. Il arrivait que le curé démissionne de sa charge. Ce fut le cas pour André Frimot en 1660 ou Michel Foucques en 1787.

Selon les circonstances les registres paroissiaux mentionnaient un vicaire (remplaçant) , un custos (sacristain), un curé ou  prêtre desservant ou vicaire (remplaçant) et un acolythe (desservant d'autel)

 

  •           Un document de 1746 évoque le cérémonial de l'investiture du nouvel arrivant:

          Le mercredi 24 août 1746 vers midi « maistre » Jacques Marie prêtre de la paroisse de Saint Nicolas de Coutances prit possession de la cure de Couville (de 1746 à 1757). L'investiture se fit « par la libre entrée en ladite église par la grande et principalle porte, prise d'eau benitte, prière à Dieu devant le crucifix et grand Autel, baiser d'Iceluy, toucher du tabernacle et du missel, visitation des fonts baptismaux, son des cloches, sceance en la chaire pastoralle et place rectoralle ». Était entre autres présent le sieur Vallognes, prêtre vicaire desservant la cure de Couville. Le prédécesseur de Jacques Marie, Jacques Lechevallier avait été inhumé le 14 août dans le chœur de cette même église.

 

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          On peut entrevoir un aspect de la vie religieuse au travers des visites archidiaconales qui permettent de mieux connaître l'état spirituel et matériel de la paroisse.

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          Le visiteur , quelquefois l'archidiacre lui-même, s’enquérait de ceux qui ne satisfaisaient pas à leur devoir pascal ou menaient une vie scandaleuse . Les contrevenants devaient s'en acquitter dans le mois particulièrement faute de quoi ils étaient admonestés publiquement au « prosne » de la messe par trois dimanches consécutifs. En 1679 tous les paroissiens avaient satisfaits à leur devoir pascal sauf Gabriel d'Yvetot, écuyer et Catherine sa sœur « qui ne vivent chrestiennement » ou encore Louise et Françoise Leduc qui menaient une vie « scandaleuse et [étaient] hors de l'église ». Étaient  encore pointés du doigt Pierre Dutertre, écuyer, Philippe Martin et Gilette sa servante, Michel Capé et la veuve Jean Marchand.

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La noblesse

 

          Au début du XVIIème siècle, la famille dominante à Couville était la famille Simon. Il n'était pas les seigneurs du lieu car la seigneurie de Couville faisait partie du domaine royal.


          Guillaume Simon (époux de Suzanne Poirier) qui se qualifiait « sieur de Couville » est réputé avoir fait bâtir le château de Couville entre 1640 et 1660.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                                (Source  : Archives de la Manche : 6 Fi 149-11)

 

         Il mourut en 1676 laissant une fille qui épousa en novembre 1664 Pierre Dutertre, écuyer, sieur de Bellefontaine qui devint à la mort de son beau père le sieur de Couville. Sa fille, Marguerite Gabrielle Dutertre épousa le 23 mai 1684 à Couville, Louis Lucas, écuyer, sieur de Saint-Luc. En 1697 , celui ci acheta la fiefferme de Couville pour 2000 livres avec le titre de seigneur de Couville.

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          A la fin de l'Ancien Régime, le revenu de la seigneurie consistait "en 22 livres de rente en argent, 27 boisseaux de froment mesure de 12 pots et 105 boisseaux d'avoine égale mesure". Il y avait "7 vergées de terre labourable valant 700 livres [en capital] et 16 autres en herbage valant 1650 livres, y compris deux petits jardins potagers et deux petites pièces d'aumône".

 

          Au 18ème siècle mise à part les Lucas devenus seigneurs de Couville, il y avait deux autre familles nobles : les d'Yvetot et les Messent.

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La démographie

(cliquez pour voir l'étude plus détaillée )

 

            En moyenne étaient célébrés dans la paroisse 4 mariages par an.


        42% des époux et 62% des épouses étaient nés à Couville . Si on ajoute les conjoints originaires des paroisses limitrophes, on obtient 59% des maris provenant de Couville et alentours et 70% des conjointes. Un peu plus de 53% des conjoints résidaient dans la paroisse au moment du mariage contre 75 % des mariées.

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            Il y avait en moyenne 14 baptêmes par an .

           Certains enfants en danger de mort étaient baptisés en urgence à la maison. En juillet 1765, la fille de Marie Poutrel est ondoyée par la veuve de Jean David « faisant les fonctions de sage femme ». Quelquefois c'était le chirurgien appelé en secours qui officiait. En 1781, Guillaume Boivin (1728-1783) , maître en chirurgie de Branville ondoie à la maison Bernardine Lucas de Saint-Luc, fille du seigneur de Couville « à cause du grand danger de mort ». Une autre fille de Pierre Lucas de Couville est baptisée le 1er juillet 1786      « dans le grand danger de mort par le sieur Lefillatre du Granpré chirurgien ». Il s'agissait de Jean-Baptiste Lefillatre chirurgien d'Helleville. Il était déjà venu en octobre 1781 pour les jumelles de Jean Couppey et Jacqueline Fleury , qui ne survivront pas.

 

           Les prêtres ne manquaient pas de mentionner les naissances illégitimes  avec la mention « bastard » ou « bastarde » . On soupçonnait certaines « filles mères » de venir se réfugier sciemment dans la paroisse . En 1753 Madelaine Samson d'Hardinvast vint accoucher à Couville « par mauvaise volonté et pour décharger ladite paroisse d'Hardinvast dudit enfant est venue accoucher sur le bord d'une fontaine ou ruisseau sur la paroisse de Couville  …. pour en charger la paroisse de Couville» . En 1779 Anne Letourneur, de Quettetot, est accusée d'être venu se réfugier « secrètement depuis quelques jours en cette paroisse » . D'autres naissances sont plus accidentelles : Françoise Sanson des Moitiers d'Allonne accouche d'un enfant conçu ex-illicito ,« surprise des douleurs de l'enfantement » dans la maison de Charles Catel en 1764. Jacques et Marie fils et fille de Catherine Martin sont qualifiés de « bastard » et « bastarde » au moment de leur décès en 1757.Vingt-un enfants sans père naissent de 1752 à 1789 à Couville.

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    Mention "bastarde" sur l'acte de baptême de Marie Jacqueline fille

conçue "ex-illicito des œuvres de Catherine Martin"  (11 février 1754)

(Source  : Archives de la Manche )

 

          Si seulement 17 % des parrains ne savaient pas signer, 56,3 % des marraines étaient dans cette incapacité !

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           Il se pratiquait en moyenne 11 inhumations par an. Les décès étaient nombreux en hiver et au début du printemps. L'année 1775 fut particulièrement marquée avec 26 sépultures.

 

          5,4 % de ces inhumations avaient lieu dans l'église paroissiale. Reposaient dans le chœur de l'édifice les membres la famille Lucas, seigneurs de Couville, des prêtres comme Jacques Marie, curé de Couville, en 1757. Les d'Yvetot se faisaient inhumer près de l'autel de la Sainte Vierge ou encore les Messent près des autels Saint Martin et Saint Sébastien. Les autres familles se faisaient enterrer sous leurs bancs et les petits enfants autour des fonts baptismaux.

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